2022
22
mai

Pacifique – Dernier quart

 

Mercredi 11 mai. Nous avons parcouru 155 miles. Le vent a forci dans la nuit. Ça fait plaisir d’être sous la barre des 1000 miles restants. Toujours rien autour de nous, pas de bateau, et pas d’oiseaux, une grosse houle de 3/4m, vent arrière, on danse sur l’eau.

Jeudi 12 mai.  Dans la nuit nous cassons la bosse (drisse) de ris 1. Nous mettons en place 2 ris dans la grand voile…1ère fois.  Nous trouvons la bonne idée pour passer une nouvelle bosse dans la baume et réinstallons une nouvelle  bosse prête au cas où. Alors le pilote automatique nous fait des siennes. Il ne tient plus la barre. De 3h a 10h le matin je barre en direct. Dans la matinée nous réussissons à le remettre en marche avec des sandoz. Nous ferons malgré tout 160 miles.

Vendredi 13 mai nous parcourons 159 miles avec 2 ris dans la grand voile et le genois: pas mal. Aujourd’hui nous devons recalibrer le pilote, aller dans les setting du système me stresse. Cette nuit j’ai pu récupérer mes heures de sommeil y compris en dormant pendant mon quart, pas bien… Après analyse avec l aide de Pierre Alain,  Cat-and-go, nous avons trouvé la cause mais n’avons pas les outils pour réparer.  Nous continuons avec les sandoz. C’est la chaine de commande de barre qui a sauté d’un cran. Nous remettons la grand voile avec le 1er ris automatique.  C’est correcte et dû au changement de vent, nous nous mettons vent arrière, grand voile et genois croisés.  Apres 1h, le pilote redécroche et nous ajoutons des sandoz.  Nous décidons de changer d’heure pour nous mettre comme les iles Gambier, Polynésie française, – 4h, si bien que nous avons 11h de décalage avec la France.  Aux Marquises c’est 1/2 heure de moins et à Tahiti 1h de moins. Finalement nous parcourons 144 miles.

Vendredi 13 mai. Notre changement d’heure est effectif. Nous mangeons à 11h30 et ce sera le jour le plus long du Pacifique. La fatigue et la tension du temps se font sentir. Encore quelques jours mais ce seront les plus difficiles, la lassitude commence à peser. Malheureusement, nous ne nous apercevons pas que quand le genois est à babord, il s’accroche dans la barre de flèche et ça coince.

Le genois est de nouveau déchiré et cette fois sur plus de longueur.

Samedi 14 mai. On refait la manœuvre, descente scotche et remontée. Notre observation nous permet de comprendre comment il s’est accroché. Nous faisons malgré tout 164 miles.

Dimanche 15 mai . Malheureusement malgré un enroulement a moitié pour éviter les Barres de flèche, le scotch ne tient pas et le trou  se reforme. Nous décidons de ne plus utiliser le genois avant réparation. La vitesse diminue, 157 miles.

Lundi 16 mai. On affale la grand voile et on ne garde que le gennaker, ce qui nous permet de suivre nôtre route sans risque.  On a le moral mais la tension est palpable. Le vent baisse mais le genaker seul est une bonne option. On se prépare pour remonter au mat au mouillage.. Journée sans histoire. Une belle entrecôte et de la tomme de brebis des Pyrénées nous étonnent. Après 28 jours de mer c’est super surtout avec du beurre sur le pain et un bon Malbeck rouge. Un oiseau est venu au devant de nous. Nous parcourons 163 miles.

Mardi 17 mai. C’est le grand jour. A 1oh du matin, nous sommes émus de dire « terre ». L’ile de Uka Hiva est devant nous. Nous arrivons au mouillage de Haavei. Il  y a déjà un catamaran et nous pouvons communiquer. C est super! Minouche n’en revient toujours pas.

28 jours, 4178 miles, 7756 km: ça vaut bien une bouteille de Champagne! Le mouillage est superbe et nous sommes heureux.  Nous l’avons fait et c’était pas facile. 

Je vous aime, méditez sur la force psychologique nécessaire pour réussir.

Grosses bises.  Je vous aime. Michel Delaitre Toklo