Samedi 25 mars 2023 : départ de Port Moresby, à 6h du matin, nous constatons de nouveau qu’il n’y plus d’indications de vent. Adam monte au mat mais là haut tout va bien, c’est plus grave, problème de Gwind ou d’alimentation. Nous décidons de partir quand même. De toute façon à Port Moresby nous ne pourrons pas réparer. La sortie de la baie se passe bien mais aussitôt nous passons, heureusement aux moteurs, dans un gros grain, 2 heures de forte pluie avec des rafales à 40 nœuds. L’après-midi le temps s’améliore et la mer aussi mais nous avons un courant contre nous qui nous ralentit, 4 nœuds avec les 2 moteurs à 2000t/mn. C’est le premier jour et nous faisons 117 miles.
Dimanche, beau temps mais vent de face, on continue avec les moteurs. Compte tenu du manque d’informations sur le vent, nous essayons de mettre le génois 5 ou 6 fois dans la journée mais impossible, l’angle de vent est trop faible, probablement 25 à 30°. Après vérification, pas de courant au Led Nexus du Gwind, c’est foutu il va falloir naviguer sans. Heureusement j’ai acheté un anémomètre à main et des bouts de rubans nous donneront la direction du vent. Notre faible vitesse nous oblige à organiser l’arrivée le mardi matin plutôt que le lundi soir donc on continue au moteur piano-piano, 4 nœuds en moyenne. On entre dans le chenal de nuit où nous aurons une autre nuit à faire : un peu stressant. Aujourd’hui nous ferons 104 miles.
Lundi, le vent s’est enfin retourné, grand large mais dans ce chenal nous continuons aux moteurs. Un gros pétrolier nous y double d’assez près. Au matin, on remet le génois et on coupe un moteur. On fera 111 miles.
Mardi, on arrive au petit matin et on prend un corps mort. La nuit a été chaude et stressante. Un autre pétrolier nous double dans le chenal si près que je peux voir les détails de sa coque à la lampe torche. Plusieurs gros orages avec du vent, moteurs débrayés nous avançons à 6 nœuds. Enfin bien arrivés. Là, nous constatons que la pompe eau douce démarre toutes les 8 secondes, donc il y a une fuite que nous finirons par trouver à la sortie du chauffe-eau dans la soute moteur tribord. Réparation, bricolage mais ça fonctionne. Le moteur de l’annexe nous fait des siennes également, pourtant nous avons mis une batterie neuve à Port Moresby. En fait c’est la sécurité de l’enclenchement de la boite de vitesse qui demande de la précision. Tout est clair, sauf que nous n’avons pas d’eau de mer à l’évier mais on s’en passera.
Jeudi matin on part à 8h. Un bateau de croisière est amarré dans le chenal et on fait attention aux navettes qui emmènent les passagers, mer calme peu de vent. En sortant du détroit, un peu de vent nous permet de mettre le code 0. Seul, on marche a 4 nœuds. C’est super, enfin à la voile. Malheureusement ça ne dure pas, aussitôt le repas, plus de vent. Un orage nous surprend à 3h du matin, rentrer le code 0 vite fait, changer de côté la voile, puis tout enlever et continuer avec 1 moteur. Nous ferons 111 miles dans la journée.
Vendredi même cinéma, pas de vent, code 0 installé, enlevé puis installé, enlevé etc…
A midi, Adam pêche un thon de 5kg. Vidage, découpe, prélèvement des filets et enlèvement de la peau nous occupe une petite heure. On fera 118 miles.
Samedi, RAS, des dauphins, une tortue, peu de vent. On garde 1 moteur à 1400t/mn et on ajoute le code 0 quand c’est possible. On fait 115 miles. On décide de ne pas s’arrêter à Elcho Island, ça fait 40 miles de détour et on risque d’arriver de nuit.
Dimanche et lundi RAS, environ 110 miles par jour.
Mardi, un léger vent de grand largue nous aide un peu mais il est toujours nécessaire d’avoir un moteur entre 1000 et 1500 T/mn. Un orage qui passe à côté nous permet de naviguer une heure sans moteur. Comme il fait chaud, le vent est aussi le bienvenue pour nous donner de l’air. Un peu nostalgique après 6 jours de mer j’écris par mail satellite à Louis et Sarah.
Mercredi matin, nous arrivons au mouillage « Snake Bay », Melville Island. Un bateau local nous donne un poisson « Golden Snappa » puis revient nous apporter des fruits et nous informe que la baie est pleine de crocodiles, de requins et de petites méduses mortelles. On annule la sortie en annexe et la baignade. Dans l’après-midi, on reçoit un message du routeur nous conseillant de rester au mouillage 48 heures de plus car il y a une grosse dépression sur notre route avec des vents à 45 nœuds. On reste au mouillage, on verra demain.
Jeudi il pleut et le ciel est bouché.
Finalement en accord avec le routeur nous partons le vendredi à 15h sous une pluie battante nous sommes contents de reprendre la mer. Les deux ancres sont un peu emmêlées mais on arrivera à les remonter sans trop de problèmes. Nous naviguons vent arrière avec 1 moteur et le code 0. La vitesse est bonne entre 6 et 8 nœuds. La houle de 2m nous berce. Sortie de la baie, nous trouvons le vent prévu, 15/20 nœuds grand largue. Malheureusement il fait nuit, la mer est agitée et nous ne réussissons pas à monter la grand-voile. Demain il fera jour. Notre vitesse est bonne 6/7 nœuds, uniquement avec le code 0, sans moteur. Soudainement comme habituellement la gaine de la drisse du Code 0 casse. Nous le rentrons et résoudrons le problème à Kupang. Dans le battement ça casse la manivelle de la canne à pêche.
Malheureusement le vent a tourné. Il est maintenant de face et très fort, de 35 à 45 nœuds suivant les grains. Nous avançons lentement, environ 100 miles par jour, aux moteurs avec la grand-voile à 2 riz et quand l’angle de vent le permet nous ajoutons le génois plus ou moins enroulé. C’est désagréable et éprouvant. Nous arrivons à Kupang mardi au petit matin et mouillons où il est prévu sur la carte. Le débarquement à terre avec l’annexe est folklorique et dangereux. En fait, une tempête sur l’Australie crée ce vent fort de WNW tout à fait anormal pour la saison. A terre nous rencontrons Matthew, un agent Indonésien qui va beaucoup nous aider mais tout d’abord, il faut mettre le bateau ailleurs pour le sécuriser. Le retour au bateau en annexe sera sportif dans les rouleaux qui déferlent sur la plage. Nous découvrons l’Indonésie et ses tracas. Au nouveau mouillage nous vérifierons le gréement.
Par chance J’ai découvert la poulie de renvoi de la drisse de genaker sur le pont. Les formalités sont compliquées comme souvent mais c’est marrant de tout faire en taxi boat du mouillage à Kupang. Très belle entrée dans l’océan Indien qui tient ses promesses de difficultés.