Aux iles cocos il passe environ 7 voiliers par an et là le même jour, 2 voiliers se rencontrent et 2 français en plus. A l’apéritif on fait la fête ensemble c’est incroyable. Claude est un skipper professionnel, il convoit un Lagoon 39 à Maurice. Peut-être ferons-nous la route ensemble ?
Vendredi expédition vers l’île « Home » où nous trouvons fuel et quelques légumes. Nous devons aussi payer pour le mouillage.
La traversée dans le lagon, 2 miles, avec 25 nœuds de vent est sportive et humide. Au retour, un orage de pluie nous rafraichit. Nous échangeons avec Claude sur la météo et confirmons le départ pour le lendemain. Cet après-midi nous allons à terre sur notre île « Destination Island ». Minouche se fait bouffer par les moustiques.
Samedi nous partons à 8h30. Nos compagnons décident de ne partir qu’à midi. Le vent est assez fort : 20/25 nœuds, la mer bien creuse mais plus arrière. Nous essayons une nouvelle position, suivi de l’itinéraire dans le pilote automatique ce qui permet de rester sur la route malgré les dérives. Nous avons 2 riz dans la grand-voile et le génois et on marche à 7 nœuds en moyenne. Pas de chance, Minouche fait une forte fièvre, soudaine avec des tremblements et des courbatures. Après consultation auprès du CNMM c’est la Dengue, pas de quart, repos et souffrance.
Traitement au Paracétamol qu’on a heureusement en grande quantité. La fièvre baisse de 42 à 40, c’est pas si mal sauf pour Minouche qui n’est pas bien du tout. Nous ferons 159 miles.
Dimanche matin nous ferons 184 miles dans des creux de 3 à 4m, journée fatigante.
Lundi dans l’après-midi le vent et la mer se calment légèrement. La corde de support de l’annexe casse. Il faut tout affaler pour ne pas tomber à l’eau et faire une réparation de fortune. Puis on remet la grand-voile avec 2 riz, avec difficulté due au vent, et le génois.
Lundi la chanson est la même, Minouche au lit, Kris et moi dans les vagues, et le vent qui baisse un peu : 20 à 25 nœuds. Nous ferons 174 miles.
Mardi Minouche va mieux, la fièvre est tombée à 38 et elle se lève pour tenir son rôle de capitaine Cook. Elle tient même son quart. Kris a la chance de croiser un bateau 2 nuits de suite. On fera 164 miles.
Mercredi drôle de nuit le vent change tout le temps, la voile faseille et on doit mettre puis arrêter un moteur. Je suis réveillé et mis à contribution plusieurs fois. Sinon la journée, le vent est stable et on enroule et déroule le génois suivant sa force. On fera170 miles.
Jeudi le vent baisse, on installe le code 0 à la place du génois. Après un quart d’heure, la drisse casse au niveau du taquet. Le taquet doit avoir un problème. On décide de le changer et on s’aperçoit que c’était le même modèle mais avec une ouverture plus petite 8/10 au lieu de 10/12. Espérons que ça va régler le problème. On ne remet pas le code 0, le vent est trop instable. La nuit, un orage fait monter le vent à 35/40 nœuds, on remet le 2ème riz. On fera 161 miles.
Samedi matin on enlève le 2ème riz et on laisse 1 riz à la grand-voile et le génois : vent et vitesse irrégulière. Minouche fait la rechute prévue de la Dengue, fatigue extrême et fièvre à 39.8. Pas de chance pour elle, la traversée est déjà fatigante avec en permanence des vagues de 2,5 à 3,5 mètres. C’est bon pour l’équilibre. On fera 151 miles.
Dimanche le vent tombe. On met le code 0 mais on laisse la drisse sur le winch pour que le taquet n’ait pas toute la charge. On pêche un beau thon rouge dans l’après-midi. La vitesse est tombée à 5 nœuds mais la mer est moins formée et plus agréable. A la nuit, plus de vent, on affale le code 0 et on marche au moteur. Je croise un pétrolier sympa qui échange quelques mots a la VHF. On fera 128 miles.
Lundi, pas de vent, mer calme, avec une petite houle arrière. Puis le vent se lève mais face à nous WNW au lieu de ESE. Heureusement la mer reste assez plate. Le soir, un gros orage avec du vent mais de face, Toklo bondit de vagues en vagues. Nous ferons 111 miles.
Mardi au lever du soleil, le vent et les vagues sont toujours contre nous. On en a marre. Vers midi le vent commence à tourner, angle a 50°, on peut mettre le génois et on avance plus vite mais c’est toujours aussi inconfortable. Au moment de manger, la bosse du 1er riz casse : on affale pour mettre 2 riz, impossible à replacer en naviguant. Cela faisait plus de 15 jours que l’on marchait avec 1 riz ce n’est pas une vraie surprise.
Mercredi, même vent, même mer avec du vent montant à 35 nœuds et des vagues de plus de 3m. On fera 144 miles.
Jeudi même temps. On affale la grand-voile et on met un moteur pour stabiliser une vitesse qui nous permettra d’arriver de jour vendredi matin. Il nous reste 141 miles à faire.
Vendredi vers 6h on met les 2 moteurs sans voile. En vérifiant si nous devons faire de l’eau je m’aperçois que le réservoir est vide. Une grosse fuite d’eau a rempli la soute moteur tribord. Et la pompe n’était pas en automatique. On sort la pompe manuelle et en 2 h nous réussirons à assécher la soute. Malheureusement le convertisseur n’a pas apprécié : en panne.
Plus moyen d’avoir du 220 sur le bateau. On verra ce qu on peut faire à Maurice. Je répare la fuite d’eau et la fixation du ballon d’eau chaude. Ce soir on va a une fête locale.
La traversée aura été à la hauteur de la réputation de l’Océan Indien. 20 jours de vagues de 3 à 4 mètres, un vent instable passant de 15 à 35 nœuds subitement. C’était très fatigant y compris pour Kris, jeune homme costaud et sportif qui arrivera comme nous sur les rotules. La Dengue de Minouche ; le peu de sommeil pour moi ; l’inquiétude et la peur quelques fois nous ont mis le moral dans les baskets. Ce n’est pas fini mais à Port Mathurin sur l’ile Rodrigues, nous sommes heureux d’avoir réussi ce vrai challenge.
