On essaie de se concentrer pour la préparation du départ. Tout d’abord la météo sachant qu’on a 10 à 11 jours de mer et que la météo est souvent à seulement 4 jours. Nous prenons la décision en accord avec le routeur de partir le mardi 12 septembre au matin. Reste à vérifier la connexion satellite.
Nous essayons de démarrer le moteur de l’annexe sans résultat. Il faudra dégripper le carburateur et changer les câbles d’alimentation de la batterie. Une journée de travail pour des professionnels.
En plus l’évacuation des toilettes bâbord est bouchée ; il faudra 6 h d’efforts pour trouver la solution et comme toujours après remontage ça recommence. On s’y reprendra 3 fois pour penser avoir résolu le problème. Tout cela occupe notre journée supplémentaire au port. La sciatique de Minouche ne s’est pas vraiment arrangée.
Mardi matin, à 8h la douane pour les papiers. Départ à 8h30 avec 1 moteur ; sous la protection de l’ile ; pas de vent ou contre nous. On est heureux de partir même si on sait qu’on aura du gros temps et de grosses vagues. Plusieurs baleines saluent notre départ. Nous jetons les fleurs à la mer ; en hommage aux marins. A midi nous mettons les voiles ; grand-voile et genois. En laissant un moteur tout va bien. Nous ferons 139 miles.
Mercredi matin nous mettons le code 0 et stoppons le moteur. On va un peu moins vite mais c’est super avec cette mer très peu agitée. A midi pas de vent la mer devient très calme ; une mare d’huile. On fera malgré tout 130 miles.
Jeudi 14 septembre. Au lever du soleil des petits dauphins viennent nous accompagner pendant quelques minutes. Je dois contourner une ligne de pêche avec bouées AIS. A midi comme prévu le vent monte à 25/30 nœuds et la mer se forme avec des vagues de 3 à 4 mètres. Nous prenons 1 puis 2 riz dans la grand-voile et enroulons le genois à moitié. Malgré cela nous marchons entre 8 et 10 nœuds. Ce n’est pas confortable mais on le savait. Les nuits et surtout le vent commencent à devenir de plus en plus fraîches ; pantalons, chaussettes et polaire sont de sortie. Nous ferons 165 miles.
Vendredi matin impossible de recharger les batteries alors que le ciel est couvert et que nous sommes en limite basse de tension. Finalement c’est la connexion que nous avons faite à Panama pour l’eau chaude à partir du convertisseur. Nous débranchons le système et on peut recharger les batteries en mettant un moteur ; grosse frayeur car sans électricité nous devrions naviguer comme il y a 50 ans au compas et à la barre manuelle. La nuit sera difficile avec un vent arrière a 35 nœuds qui siffle dans les haubans. Nous avons seulement le genois mais la peur de la casse nous stresse malgré une vitesse raisonnable : 4 à 7 nœuds. Nous ferons 128 miles.
Samedi le vent est moins fort que prévu. Pour la première fois nous naviguons avec 3 riz dans la grand-voile et le genois que nous pouvons enrouler suivant la force du vent. A midi récompense ; filet mignon de porc au maroilles avec pomme de terre et haricot frais ; hier c’était soupe algérienne et demain Chili con carne ; tous ces plats mijotés font partie de la réussite de ce tour du monde ; merci Minouche. Dans la nuit le vent forci 30 à 35 nœuds et il remonte vers le nord nous mettant au près. Dans ce cas le vent siffle et hurle dans les plastiques qui ferment le cockpit et le poste de pilotage. C’est stressant ; on se croirait dans un film d’horreur. Nous ferons 136 miles.
Dimanche le vent change de côté par devant. On doit donc marcher aux moteurs quand il est de face soit 7 heures. Ensuite le vent est plus faible 10-14 nœuds on remet grand-voile complètement et génois. Le routeur nous annonce des vagues de 5m pour ces 3 jours. On attend de voir. En fait, la houle peut atteindre 5m voir 5,5m mais comme elle est longue, 20 secondes ce n’est pas trop inconfortable. Nous ferons 114 miles.
Lundi l’angle de vent est entre 30 et 40° nous remettons grand-voile complète et génois et comme le vent est faible nous ajoutons un moteur pour faire 5 à 5,5 nœuds de moyenne et arriver samedi après-midi prochain. Nous ferons 114 miles. Mardi la mer est plus calme on doit mettre un moteur. Nous ferons 144 miles.
Mercredi nous faisons le plein de fuel avec les bidons : 325 litres. Le vent se renforce après manger ; nous rentrons le code 0 et remettons la grand-voile et le génois avec difficultés. Aujourd’hui nous avons manqué 3 gros poissons qui ont réussi a se décrocher. Décidément nous avons le bon matériel mais pas la bonne technique. Les 3 dernières nuits ont été difficiles ; les changement d’allure, de vent ou les cargos m’ont réveillé et 3 à 4 h de sommeil par nuit m’ont fatigué. Une sieste de 2 heures est devenue nécessaire. Nous ferons 131 miles.
Jeudi un vent qui fait le tour du quadrant nous obligeant à changer les voiles plusieurs fois dans la journée. Nous ferons 126 miles.
Vendredi journée calme. Depuis plusieurs jours, nous nous réveillons le matin avec un bateau complètement humide, surtout cockpit et poste de pilote mais aussi le carré dans une moindre mesure. Nous ferons 120 miles en grande partie au moteur.
Samedi matin le jour se lève sur une mer d’huile. L’arrivée brumeuse ; pas une lumière en vue à 8 mile de la côte. Ça fait bizarre ; cette mer, cette brume et une baleine qui nous accueille. A l’entrée du port on doit faire demi-tour pour laisser sortir un gros pétrolier. A Tuzi-Gazi la manœuvre est délicate mais on est OK. La formalités se font dans la matinée et on va s’amarrer à Zululand Yacht club. Enfin calme et repos. Dehors la mer se déchaîne. Nous prévoyons de rester une semaine mais c’est la météo qui décidera.
A Richard Bay nous sommes en Afrique dans toute sa splendeur et ses travers. Mais nous sommes heureux d’être à quai, une grosse tempête s’annonce pour dimanche et lundi. Notre routeur a été bon. Le yacht club est sympa mais rustique.